
Il y a peu de paracha qui porte le nom d’un personnage. Six. Noé, Sarah, Pinhas, Balak, Korah et Yitro.
Un privilège. Une chance.
Qui est Yitro ?
Un prêtre. De Midian. Pas un juif, pas un hébreu. Il devient connu, car Moïse va épouser l’une de ses sept filles. Tsipora.
Une fois que les Hébreux sortent d’Egypte, traversent la mer rouge, ils s’installent devant le Sinai.
Et là, Yitro arrive avec sa fille Tsipora, la femme de Moïse et leurs deux enfants. Lors de la sortie d’Egypte ils étaient restés à Midian. L’heure est venue pour Yitro de tout quitter, son pays, ses hautes fonctions et de rejoindre ce nouveau peuple, cette nouvelle aventure.
Yitro est donc, pour ainsi dire, le 1er converti.
Mais attention, Yitro ce n’est pas n’importe quelle paracha, c’est celle du don de la Torah, celle des dix commandements. Sûrement l’une des paracha les plus importantes, les plus connues.
Donc Yitro, celui qui n’est pas hébreu, porte le nom de la paracha qui annonce, qui raconte le don de la Torah et les 10 commandements.
C’est énorme !
Yitro a beaucoup de qualités. C’est un grand prêtre. Respecté. Courageux. Il lâche sa position pour rejoindre un peuple tout juste libéré. Cette histoire le transporte.
Yitro va aider aussi à l’organisation du peuple hébreu. Moïse, avant son arrivée, faisait tout. Il avait du mal à déléguer. Yitro va tout organiser, mettre de l’ordre. L’ordre et la discipline ne sont pas les points forts des hébreux, ni des juifs plus tard.
Yitro arrive à mettre de l’ordre. Et tout va mieux grâce à lui.
Plus tard, dans Bamidbar, au moment de préparer l’entrée en Terre Promise, Yitro va dire qu’il ne souhaite pas y aller. Il préfère retourner chez lui. Dans son pays, à Midian.
Moïse argumente, insiste pour qu’il reste. Et alors la Bible ne nous donne pas la suite de l’échange. Ça s’arrête là, et on n’entend plus parler de Yitro. On en conclut qu’il est effectivement retourné chez lui.
Comment comprendre ce retournement ?
Le non juif qui a tellement d’estime pour Israël, prêt à partager son destin, a un problème : dès qu’on commence à parler d’une patrie, d’un endroit géographique, donc d’un état souverain, alors il se dit, si en définitif c’est ça la finalité, je m’en vais.
Tant que le judaïsme est une religion avec des principes de foi, des messages et des valeurs universelles, Yitro est partant. Mais dès que Moïse lui dit, maintenant on rentre en Israël pour créer notre état indépendant, alors Yitro s’arrête et dit si c’est une nation, alors j’ai déjà la mienne.
C’est sans aucun doute le point le plus difficile à accepter pour les non juifs. Pas les antisémites, non ceux qui nous aiment bien, ceux qui veulent nous aider.
Quand il s’agit d’Israel en tant que nation, en tant qu’état, en tant que souveraineté, alors il y a comme un malaise.
A l’époque de Moïse on a eu du mal à convaincre Yitro qu’on n’était pas seulement une religion, mais aussi un peuple et une terre.
Cela n’a pas beaucoup changé aujourd’hui.
A partir d’une vidéo de Shofar.
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André Bensimon