Tsarfat c’est la France en hébreu. C’est particulier car Angleterre se dit Anglia, Tunisie Tunisia, La Russie Roussia, etc… Alors pourquoi un nom différent pour la France ?
Tsarfat veut dire en hébreu « un creuset », celui dans lequel l’orfèvre va mettre des métaux différents et en faire un alliage unique.
Consubstantiellement voilà ce que nous sommes, un alliage unique fait de métaux très différents. Aucun rapport entre un corse, un savoyard, un breton, un nordiste, un marseillais ou un parisien, et bien vous les mettez ensemble et vous obtenez quelque chose d’unique.
La France représente donc cette capacité de faire tenir ensemble des différences.
Nous vivons donc dans un pays qui s’appelle diaspora par excellence, qui aurait pour mission de rayonner et incarnerait la possibilité d’un vivre ensemble ou d’un alliage entre des forces.
Nous venons les uns et les autres de familles qui n’ont pas toutes la même histoire.
Certains sont installés ici depuis des siècles, d’autres sont arrivées plus récemment, venus d’autres exils, et souvent attirés par une certaine idée de ce que la France a pu incarner : une terre de lumière, d’émancipation, une terre dont Lévinas disait : « un pays qui s’enflamme pour un petit capitaine juif est celui où il faut aller ».
Bien entendu, beaucoup d’entre nous s’interrogent aujourd’hui pour savoir si cette France là existe toujours.
Le judaïsme prône le modèle de l’intégration , pas celui de l’assimilation. Nous sommes ce que nous sommes et nous l’apportons à l’ensemble , mais en aucun cas nous nous dissolvons dans la nation.
Dans les Maximes des Pères, Rabbi Akiva le dit bien
« Si je ne m’occupe pas de moi qui le fera ? », autrement dit qui s’occupera du judaïsme si je ne le fais pas; puis il rajoute « mais quand je ne m’occupe que de moi, qui suis je ? » , ne pas être égoïste, je ne peux pas m’occuper du judaïsme sans m’occuper aussi du monde, de la cité, de la société dans la quelle je vis.
Lors de la troisième République en France on conseillait aux juifs d’être français dehors et juif à l’intérieur. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, il faut savoir être juif et français à tout moment et à tout endroit.
C’est notre défi en diaspora.
Manitou rajoute : il y a un temps pour tout. Nous devons nous interroger, sommes nous à l’époque de Joseph, c’est à dire en exil et apprendre à se comporter comme il faut en diaspora, ou sommes nous à l’époque de Moïse ou Yéhouda, c’est à dire au temps de l’alyah, du retour (tant attendu) en terre Sainte.
Manitou juste après la guerre des six jours en 1967.
Alors Tsarfat a été, sans aucun doute, un pays à part, extraordinaire, l’est il encore ? Et quel est son avenir ?
Et à quelle époque vivons nous, quel est le sens de l’Histoire ? Ici en diaspora, ou là bas en Israël ?
Voici des questions auxquelles nous sommes invités à penser pour nous, nos enfants et nos petits enfants.