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Bien évidemment nombre de sujets ont évolué en un siècle et ont même été totalement bouleversés. Plus en 100 ans qu’en 5000 ans.
Mais ici je vous propose d’évoquer la libération des femmes.
Et bien ici aussi et surtout en un siècle tellement plus que pendant des millénaires. Enfin. Il était temps. Que d’injustices… et enfin réparées.

Les femmes aujourd’hui dans la plupart des pays développés et démocratiques sont les égales des hommes, ou quasiment. Elles travaillent (ce n’était pas vraiment le cas pour la plupart d’entre elles jusqu’au début du XXème siècle, elle étaient cloisonnées à la maison pour s’occuper des enfants et des tâches ménagères), elles accèdent à tous les métiers : professeurs de médecine, ingénieurs, pilotes d’avion, chef d’entreprise, même des plus grandes au monde, directrices de banque, investisseurs, enseignantes à l’université, journalistes, grands reporters, directrices de média, ministres, chefs d’état, maires des plus grandes villes du monde, avocates, juges, magistrats, présidentes d’associations, de syndicats, écrivains, intellectuelles, prix Nobel dans toutes les catégories, … tous les métiers, toutes les compétences et expertises. Et tout ceci en moins d’un siècle. Un énorme bouleversement, une métamorphose. Un autre monde est né et c’est bien dans celui ci que nous vivons.

Elles n’ont pu intégrer l’école polytechnique qu’à partir de 1972, mais elles y sont. Elles n’ont pu voter en France qu’à partir de 1944, mais elles votent, elles comptent enfin, et on peut même les élire, maires, députés, sénateurs,.. (c’est dingue non ?). Elles ont pu ouvrir un compte en banque et disposer de leur propre chéquier, sans l’autorisation de leur mari qu’au milieu des années 60. Tout ceci paraît fou, à peine plausible et pourtant…mais tout ceci est derrière nous, c’est fait et c’est irréversible.

Avant et pendant des millénaires elles étaient considérées comme citoyennes de seconde zone, elles ne comptaient pas. Les hommes ne les comptaient pas.
Et quant à la liberté de disposer de leur corps il a fallu attendre les années 70, la loi Veil (merci Simone). Et oui il y à peine 50 ans.

Tout y passé, tout a basculé, aucun pan de la société n’a pu résister, un véritable raz de marée, un tsunami,…sauf un village gaulois, comme dans Astérix. Qui résiste à cette lame de fonds, à cette injustice enfin réparée ? La religion, les religions. Pas de femme prêtre, encore moins cardinal, évêque ou pape, pas de femme imam, ni rabbin. Ou si peu et si anecdotique.
Figé dans le formol. Bloqué. Cadenassé. Paralysé. Fermé à double tour. Immobile.
Bien sûr les religions sont dans leur rôle de ne pas céder à la mode, à l’ère du temps. C’est clair et c’est souhaitable. Mais là il ne s’agit pas de l’ère du temps, d’un caprice, d’une bulle, d’une illusion, encore moins d’une mode. Je crois qu’on peut affirmer, sans aucune hésitation, qu’il y a un gros retard à l’allumage, un contre sens historique, une erreur grossière de jugement, d’appréciation. Il ne s’agit que de justice, d’équité, d’éthique, de morale.

Mais quoi, même dans le judaïsme ? Cette si belle religion, ce mode vie exemplaire, cette loi qui a, si souvent dans l’histoire, ouvert de nombreuses voies. Et bien oui, aussi et surtout dans le judaïsme. À chez nous on fait toujours les choses à fond, on est toujours aux avant postes, c’est dans notre ADN.
Les femmes ne peuvent pas être rabbins, sauf dans le mouvement libéral. Il faut qu’elles soient alors « hors la loi ». Les femmes ne comptent pas dans le minyan. Les femmes ne peuvent pas chanter à la synagogue, ne peuvent pas monter à la Torah, ne peuvent pas dire un commentaire, un drach, ne peuvent pas se mélanger aux hommes dans la synagogue, ne peuvent pas étudier le Talmud avec leurs collègues masculins, sont contraintes de se couvrir la tête lorsqu’elles sont mariées, ou porter une perruque. Bon j’arrête, la liste est interminable. Et j’éprouve un peu de honte à déclamer toutes ces aberrations.

Que disent les rabbins ? Trouvent-ils cela bizarre, dommageable, anachronique ? S’engagent ils à rattraper enfin ce retard ? Un semblant d’excuse ?
Mais pas du tout. Ils justifient, « halakha » à la main, « preuve » à l’appui, tous ces comportements, ces agissements, ces règles. Plus que cela, heureusement que c’est ainsi et que le judaïsme de cède pas à l’ère du temps. Ils sont ainsi les « gardiens du temple ». Regrettent-ils cette situation pour les femmes ? Pas du tout, bien au contraire, avec vigueur, et la mauvaise foi qui caractérise tout homme sûr de lui, ils nous expliquent que les femmes sont très bien considérées dans le judaïsme, que c’est par elles que passe la transmission (youpi !). Donc rien à corriger, tout est bien dans le meilleur des mondes. D’ailleurs allez demander aux femmes orthodoxes, aucune ne se plaint, au contraire elles sont très heureuses comme ça. Elles revendiquent haut et fort leur statut si spécifique et salutaire.
Inimaginable mais pourtant bien réel.

Mais alors quoi, ces rabbins, ces hommes de foi, que des idiots, des aveugles, des dogmatiques ?
Pas du tout, souvent des hommes très cultivés, bien instruits, intelligents, tous tournés vers l’étude, certains ouverts, sympas, mais tous coincés par la halakha, la loi figée dans le béton. Et quand on pense que halakha vient du verbe « marcher ». On ferait bien de retrouver rapidement cette signification première et vite se remettre en mouvement, notamment sur le sujet de la place des femmes.
Cette position, franchement, n’est plus tenable. On en devient ridicules. Un siècle ou un demi siècle de retard, c’est beaucoup et c’est honteux. Ce n’est pas conforme à notre tradition qui nous pousse au contraire à être aux avant postes, ouverts, tolérants, justes, et être ainsi un exemple pour le monde.

Messieurs les rabbins, s’il vous plaît, bougez vous, réfléchissez vite, agissez, réformez, adaptez vous, faute de tous nous laisser sur le bord de la route en compagnie des plus grands rétrogrades, conservateurs ou autres réactionnaires, ou pire encore aux côtés des extrémistes d’une autre religion.

André Bensimon

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