Les propos tenus sur cette page (cette rubrique) ne représentent que et uniquement l’opinion de leur auteur, et n’engagent pas Moadon.

André salut,

J’ai lu attentivement ton article « Tout a changé en un siècle » sur la condition des femmes dans les religions et plus particulièrement dans le judaïsme.

Je ne suis pas (du tout) d’accord avec toi, et je suis content que de telles discussions, échanges puissent avoir lieu au sein de Moadon.

Ça me donne aussi l’occasion d’argumenter contre cette pensée simpliste, largement répandue et à mon sens si erronée.

Premièrement la tradition juive, la halakha n’a pas à s’adapter aux différentes époques. Comme tu l’as fait remarquer, mais sans avoir bien compris le sens, ce terme, qui vient de la racine « marcher », intègre par définition, par essence, un mouvement, mais pas celui qui sous entendrait que la loi doit s’adapter, mais au contraire que c’est aux fidèles, à toutes les époques, de s’adapter, de savoir lire, comprendre, interpréter cette loi. Et c’est ainsi que nous existons toujours depuis plus de 3000 ans, que nous récitons les mêmes prières, célébrons les mêmes fêtes aux mêmes moments aux quatre coins du monde depuis des millénaires. Et à chaque fois, à chaque endroit, dans chaque circonstance ces mêmes textes nous parlent différemment, nous envoient d’autres messages, enseignements. Et il nous revient le devoir de faire cet effort de mouvement, de compréhension, d’adaptation. Pas l’inverse.

Deuxièmement c’est bien mal connaître notre tradition que de prétendre que les femmes sont mal considérées ou « en dessous » des hommes.

Aux époques bibliques et de l’antiquité la Torah et sa loi orale ont donné aux femmes beaucoup plus de pouvoir, d’importance que dans toutes les autres religions ou sociétés voisines. Les devoirs des maris et des pères envers elles étaient nettement plus marqués, plus significatifs. Des avancées indéniables pour l’époque.

Les femmes étaient en charge de l’éducation des enfants, mais pas uniquement, elles pouvaient travailler aussi. J’en veux pour preuve ce magnifique hommage rendu à la femme, à l’épouse, à la mère, à la fille tous les vendredis soirs avec la récitation du poème « Echet Hayil », au cours duquel on vante tous les mérites de la femme et notamment sa place sociale au travail. On n’a pas attendu dans notre tradition le XXème siècle pour laisser les femmes travailler.

Ensuite dans notre tradition l’homme et la femme ne sont pas confondus. Chacun ses spécificités dans le respect mutuel de chacune et chacun. Depuis la libération des femmes, dont tu nous parles dans ton article, et notamment depuis 1968, il y a confusion dans nos sociétés occidentales dites développées entre les genres. Les femmes ne veulent pas devenir les égales des hommes, elles veulent devenir des hommes. On a pu déjà constater les dégâts sur une génération en termes d’éducation des enfants. Les femmes ayant totalement délaissées leur rôle de mère, d’éducatrice, sans que les pères n’aient pris aucun relais. D’ailleurs un mouvement inverse, salutaire s’est déjà engagé pour réparer les dégâts de cet abandon, de cette confusion.

Tu le dis toi même tout a changé en un siècle…mais qui nous dit que tous ces changements, ces bouleversements sont bons, vont dans le bon sens. Combien de fois a-t-on assisté à des erreurs, à des effets de balanciers pour contre carrer des directions totalement erronées. Il est déjà clair et entendu qu’on a eu tout faux, qu’on a fait fausse route, sur le terrain de la sur-consommation, de la mal-bouffe, de l’écologie, du pillage en bon et due forme de notre planète. Tout le monde constate et reconnaît également une perte de repères, de sens, des valeurs en berne, des crises profondes identitaires,… etc. Des sociétés malades. Beaucoup d’erreurs grossières ont été commises, peut être seront elles fatales.
Alors sur la nouvelle place des femmes, un peu de modestie, de retenue, de distance, de modération. Les femmes sont largement bien considérées dans notre tradition. Elles sont respectées, aimées, considérées. Elles occupent une place entière, un rôle central. Sachons le reconnaître et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

La place des femmes dans le rituel religieux.

Tout d’abord comprendre que les prières ont d’abord été établies pour les hommes. Pour les contraindre, canaliser leur mauvais penchants, certaines pulsions. Les femmes, elles, ne sont pas contraintes à ces obligations. Car leurs pulsions sont différentes et n’ont pas besoin de ces rituels de prières pour être canalisées, modérées. Alors il ne sert à rien de demander une égalité sur ce plan. Les femmes sont supérieures à l’homme de ce côté là. Elles ne sont pas obligées de. Elles sont plus fortes, moins vulnérables.

Ensuite il est indéniable de reconnaître qu’il est plus facile de se concentrer sur la prière, sur une relation au divin, entre personnes du même sexe. Entre hommes ou entre femmes. Il en va de même pour l’éducation. Je sais que la tendance, là aussi depuis 1968, est à la mixité dans les écoles, collèges, lycées ou universités. Rien ne dit que c’est la bonne méthode. Dans notre tradition, avec un recul et une expérience de plus de 3000 ans (et non pas une petite cinquantaine d’années) nous pensons au contraire que l’éducation doit se faire sans mélanger les sexes, sans mixité, pour laisser les enfants, les adolescents plus concentrés sur leurs études et leur éviter les tentations de l’autre sexe. Il y a pour cela d’autres contextes, d’autres situations que l’école.

Éducation, prière, recueillement, demandent des efforts de concentration, et favoriser le contexte en évitant la mixité est un plus. Alors pourquoi s’en priver ? Et toutes les autres situations de la vie sont mixtes.

Par contre pour tout ce qui concerne la vie communautaire, les femmes ont toute leur place, au même titre que les hommes. Aucun interdit d’ordre religieux. Ici on est comme dans tous les pans de la société, les femmes rattrapent peu à peu leur retard. Elles sont présidentes de communautés, d’associations, de fondations, … Elles vivent au XXIème siècle.

Nous pouvons être d’avis différents et cohabiter au sein des mêmes associations. Cette diversité d’ailleurs est une force. Les débats dans le respect de chacun sont un héritage de notre tradition. Une quelconque pensée unique, quelque soit son camp, serait contraire au judaïsme; ce serait trahir l’héritage de nos pères.

Vive les débats, les échanges d’idées, et vivement le prochain…

Signé : Un ami (imaginaire ?) de la famille

André Bensimon

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