Rachi est né en 1040 à Troyes, en Champagne et a étudié à Worms et à Mayence en Allemagne.
A l’époque pas de livre (l’imprimerie sera inventée quatre siècles plus tard), encore moins de bibliothèque, tout au plus des feuillets conservés sérieusement et bien sûr les rouleaux de la Torah. Les parchemins sont rares et chers.
La valeur de chaque mot, de chaque lettre écrite est très importante. Par conséquent les érudits possèdent une mémoire phénoménale et connaissent par cœur des milliers des versets.
Rachi est l’acronyme de Rabbi Chlomo Itshak, son vrai nom. Il est issu d’une famille d’érudits, il étudie le Tanah avec son père puis dans les grandes Yechivah ashkénazes de son époque à Worms et à Mayence. A l’âge de 30 ans il revient s’installer à Troyes et fonde sa Yechivah. Il a eu quatre filles et aucun fils. Mort à 65 ans, en 1105, on ignore où il fut enterré. C’est peut être mieux ainsi, car sinon d’aucuns lui voueraient un véritable culte.

Et son œuvre ?

On trouve les commentaires de Rachi dans les deux grands corpus du judaïsme, le Tanah, c’est à dire la Bible, et le Talmud. Lorsqu’on ouvre une Bible en hébreu on trouve toujours en dessous du texte le commentaire de Rachi, et lorsqu’on ouvre un Talmud on trouve en marge le commentaire de Rachi. Commentaires écrits en hébreu mais dans une typographie quelque peu différente (ktav Rachi, écriture de Rachi).

La méthode de Rachi est nouvelle.

Chaque fois que Rachi prend la parole c’est qu’il a relevé un problème dans le texte, une question qui nécessite un éclairage, une confusion à dissiper, une curiosité orthographique ou grammaticale. Rachi n’invente pas sa propre explication, il ne donne pas son interprétation personnelle, mais il va puiser dans le midrach une explication qui va éclairer le sens.
Rappelons que le « midrach » est une compilation d’interprétations de la Torah.
Rachi fait donc des liens entre le texte de la Torah et des siècles d’intelligence et d’interprétations qui ont précédé. À partir de là Rachi trie, sélectionne un midrach parmi de nombreux midrachim qui peuvent exister, voire se contredire. Chaque fois que Rachi parle, il effectue un choix, il choisit le midrach le plus pertinent à ses yeux.

Lorsque Rachi parle c’est toujours pour répondre à une question. Le problème c’est que son écriture est extrêmement concise, ramassée, presque laconique. Pas un mot n’est inutile. Il nous donne la réponse, mais plus rarement la question. Donc la première démarche consiste à trouver la question, qu’est-ce qui dérange, interpelle Rachi ?
Ainsi le premier enseignement de Rachi est de nous apprendre à interroger le texte.

Rachi dit lui même « je ne suis venu que pour expliquer le sens littéral du texte« . Pas de digression philosophique, pas de recherche d’un quelconque sens caché. Au contraire Rachi se veut être un facilitateur de la lecture, une aide pour comprendre ce que dit le texte au sens le plus littéral. Ce qu’on appelle en hébreu, le pchat.

Les commentaires de Rachi sont devenus une référence incontournable du commentaire biblique et talmudique. Ils ont donné lieu à une infinité de commentaires.
On peut adhérer ou s’opposer à Rachi, mais on ne peut pas s’en passer.

À partir des clips alef-bet d’Akadem.17