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Rabbi Shimon Bar Yo’haï et le dé-confinement

Mais qui est ce Rabbi ?
C’est un rabbin, un grand maître de la Michna qui vit en Judée au IIème siècle de notre ère, à l’époque de la domination romaine; nous sommes vers l’an 135.

Une discussion, un colloque a lieu entre plusieurs rabbins et ils débattent sur les progrès, les avancées technologiques, les belles réalisations de Rome.

Ces romains construisent des routes, des ponts, ouvrent des grands marchés, des établissements de bain : ils révolutionnent leur époque.

C’est un temps de grande avancée technologique et de mondialisation. Certains rabbins louent ces avancées, ces belles réalisations et mettent en avant tous les avantages; d’autres, dont fait partie Rabbi Shimon Bar Yo’haï, au contraire n’y voient que des inconvénients. Ils ouvrent des marchés pour développer la prostitution, des routes et des ponts pour collecter des impôts et les bains sont uniquement construits pour leur confort. Tout ce qui est entrepris n’est fait que dans leur seul intérêt.

Rabbi Bar Yo’haï va se faire arrêter pour ces propos subversifs et décide donc de s’enfuir avec son fils. Ils se réfugient dans une grotte, s’y enterrent dans le sable jusqu’au cou et vont y rester 12 années. Un truc de ouf.

On raconte que c’est ici, dans ces conditions extrêmes, extravagantes qu’ils vont imaginer, concevoir le Zohar.

Après un « confinement » de 12 ans, ils sortent (le décret contre eux est aboli), rencontrent sur leur route un paysan qui laboure son champ; ils considèrent que cet homme perd son temps à travailler (et non pas étudier), ils le « fusillent » littéralement du regard. Son champs brûle et l’homme est carbonisé. Un carnage. Ils ont perdu tout sens des réalités. Cet enferment les a enfermés en eux-mêmes. D.ieu est furieux, « est-ce pour détruire mon Univers que vous êtes sortis de cette grotte ? » et il les fait retourner dans la grotte et les condamne à y rester encore une année.

Et lorsqu’ils sortent, ils ont enfin compris que tous les hommes ne sont pas identiques et surtout pas tous à leur image. Certains sont fait pour l’étude (comme eux) mais d’autres font aussi partie de ce monde et ils travaillent, ils labourent, ils commercent… Chacun son rôle et ensemble ils forment une collectivité qui fait sens, un peuple.

Pourquoi rappeler aujourd’hui cette vieille histoire ?

Un parallèle évident avec le confinement que nous vivons et le dé-confinement que nous nous apprêtons à vivre.

Qu’est-ce que cette histoire nous apprend sur le passage du monde d’avant au monde d’après, en passant par le monde de l’entre deux, celui de la grotte, du confinement ?

Attention, dans quel état allons-nous sortir de ce confinement?
Il ne s’agirait pas d’être agressif avec tous les autres, de devenir intransigeant, d’avoir un esprit plus étriqué, moins ouvert.
En fait il ne faut pas sortir d’un coup, il nous faut un sas de décompression. Pour notre rabbin et son fils l’année supplémentaire dans la grotte a servi de sas.

Ainsi il y a trois périodes, le confinement, puis le dé-confinement à l’extérieur transitoire et ensuite la période normale.
Et surtout n’imposons pas aux autres notre mode de pensée, notre mode de vie comme si cela devrait être la norme.

Le 11 mai, beaucoup l’ont fait remarquer, correspond à la fête du Lag Ba-Omer dans le calendrier juif. Le 33ème jour après Pessah. La fin d’une période de deuil qui vient rappeler un épisode historique, une épidémie qui tué les 24 000 élèves de Rabbi Akiva.
Et qui est honoré durant le Lag Ba-Omer ? Rabbi Shimon Bar Yo’haï.
La boucle est bouclée.

A partir d’un interview de Marc Alain Ouaknin.

André Bensimon

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