Une interrogation qui peut paraître surprenante, saugrenue, non ?

En effet nous l’avons vu les Hébreux vivaient depuis deux siècles en esclavage en Egypte, ils étaient mal traités, humiliés, assassinés dans des conditions très difficiles dans un état concentrationnaire.

Et lorsque l’occasion se présente, suite aux dix plaies d’Egypte, de sortir de cet enfer, ils auraient hésité ? Ou pire ils ne voulaient pas saisir l’opportunité ? Certains seraient même restés?

Qu’en est il vraiment ?

Et oui les Hébreux ne voulaient pas sortir; ils étaient effrayés par l’inconnu, par la traversée du désert.

Ils étaient victimes du syndrome de la grenouille bouillie, déjà expliqué dans d’autres articles de ce blog. Habitués progressivement, lentement aux horreurs de l’esclavage, ils arrivaient plus ou moins à s’en accommoder, à vivre tant bien que mal avec.

Et donc les dix plaies d’Egypte, ce long processus qui s’est déroulé sur presque deux années a servi, certes à faire finalement céder Pharaon pour qu’il accepte de laisser partir les Hébreux, mais aussi pour que les Hébreux se fassent enfin à cette nouvelle idée de liberté.

 

Et à la fin, le jour J, le fameux « grand soir », la veille de sortir, de quitter le sol égyptien, D.ieu demande aux hébreux un dernier (ou un premier) geste de courage : sacrifier un agneau Pascal, l’animal vénéré en Egypte, aux yeux de tous, badigeonner les linteaux de leurs portes avec la sang de ce même agneau, afin que D.ieu reconnaisse les maisons des Hébreux au moment où il passera pour tuer tous les 1er nés égyptiens, puis qu’ils fassent rôtir cet agneau (que tout le monde puisse sentir les odeurs) et qu’ils le mangent juste avant de partir.

 

Et bien seul 1/5ème des hébreux eurent ce courage et donc seulement 1/5ème des Hébreux sortirent de l’esclavage, de l’Egypte, de Mitsraïm, des étroitesses.

Ce chiffre de 1/5ème va rester dans l’histoire et souvent seule cette proportion va survivre, va assurer la continuité du peuple, les autres le plus souvent s’assimilant et donc disparaissant.

 

Bien évidemment, nous l’avons dit quasiment dans chaque article sur la fête, Pessah est l’occasion, certes de raconter une histoire, de se rappeler de notre passé, de nos racines, mais aussi et surtout ce sont des enseignements pour aujourd’hui, pour demain, pour chacun d’entre nous, dans tous les lieux et à toutes les époques.

 

Mettre le doigt sur les grandes difficultés de s’extraire de son quotidien, de ses habitudes, même si elles sont considérées, réputées, reconnues mauvaises ou nuisibles.

 

La peur de changer, la peur de traverser le désert, d’affronter l’inconnu.

 

Et le message est clair, il faut se faire violence, avoir confiance en soi, en l’avenir, en D.ieu, en sa destinée,  se montrer courageux, puis plonger d’un coup; le concept du grand soir, du saut dans l’inconnu. La seule façon de s’extraire.

 

Oui mais en Egypte c’était plus facile; les conditions de vie étaient particulièrement horribles, on ne risquait pas trop de perdre au change, et les manifestations divines étaient bien claires, manifestes, concrêtes, de quoi avoir confiance.

Or aujourd’hui nos esclavages sont moindres, moins pénibles et D.ieu s’est retiré, a l’air absent, alors comment faire confiance et comment oser faire ce premier pas, ce saut  dans l’inconnu encouragé par la fête ?