Asseret hadévarim ou Asseret hadibérot en hébreu, littérallement « les 10 paroles » (en effet toutes ces paroles ne sont pas des commandements), et nous remarquons qu’en hébreu le pluriel de « parole » peut se décliner soit au masculin soit au féminin, d’où ces deux expressions possibles.
Ces 10 commandements d’adressent à tous, aux hommes et aux femmes.

1- Je suis l’Eternel ton D.ieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte…

2- Tu n’auras pas d’autres dieux que moi ….

3- Tu ne prononceras pas le nom de D.ieu en vain…

4- Souviens toi du jour du Chabbat pour le sanctifier…

5- Honore ton père et ta mère…

6- Tu ne tueras point.

7- Tu ne commettras pas d’adultère.

8- Tu ne voleras pas.

9- Tu ne feras pas de faux témoignage.

10- Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain…

 

Les 10 commandement : 10 grandes paroles pour 10 petits commentaires.

 

1- Il existe deux versions des 10 commandements, la V1 celle que nous lisons dans la paracha de Yitro dans le second livre de la Bible Chemot; les hébreux viennent de sortir d’Egypte et vont recevoir la Torah. Puis une V2, 40 ans plus tard, dans le 5ème et dernier livre de la Torah, Devarim, dans la paracha de Vaeth’anan, au cours de la quelle Moïse reprend à son compte les 10 commandements, avec d’ailleurs de légères mais nombreuses modifications.

Il est à noter que ces 10 paroles ne sont pas données aux mêmes personnes; la 1ère fois aux hébreux qui sont sortis d’Egypte, la 2ème fois à leurs enfants qui sont nés dans le désert et qui eux n’ont pas connu l’esclavage.

 

2- Nous remarquons que les 10 commandements ont été donnés à tout le peuple réuni, hommes, femmes et enfants. La Torah, les 10 commandements ne sont pas l’affaire juste de quelques uns, sages, prophètes ou rabbins, c’est l’affaire de tous, de chacun et de tout un peuple. Fait unique dans l’histoire, cette législation qui constitue la base de la société d’Israël en gestation, a été remise au peuple avant son entrée sur sa terre. Il s’agit d’une révélation et le peuple va se façonner à l’aune de cette révélation.

 

3- Le premier commandement: « Je suis l’Eternel ton D.ieu qui t’ai fait sortir d’Egypte, de la maison d’esclavage… ». « Ton D.ieu » À qui s’adresse cette parole ?

Au peuple tout entier réuni, à la collectivité ou bien à chaque personne présente, à chaque individu ? Il est clair que ce message, comme beaucoup d’autres par la suite, révèle aussi bien un caractère collectif qu’individuel. Nous notons également que D.ieu se présente dans cette première parole comme le D.ieu libérateur, celui qui nous a fait sortir d’Egypte, et non pas comme le D.ieu créateur, celui qui a créé les cieux et la terre, par exemple. C’est un appel à chaque conscience et une invitation permanente pour chacun à sortir de sa propre maison d’esclavage.

 

4- La plupart des commandements sont négatifs, beaucoup commencent par « lo ».

En effet il s’agit dans un premier temps de retenir la violence de l’homme, d’abord s’éloigner du mal afin de faire le bien ensuite. Le décalogue dépasse les frontières d’Israël, toute l’humanité est concernée; beaucoup de religions, comme le christianisme ou l’islam, vont reprendre à leur compte ces 10 commandements, ou du moins une partie ou en les adaptant un peu. Il est à remarquer que même les Droits de l’Homme lors de la Révolution française vont être présentés de la même façon que les Tables de la Loi. Ce qui renforce encore son caractère universel.

 

5- Les Tables de la Loi, les 10 commandements sont donc présentés avec les cinq premières paroles à gauche et les cinq dernières à droite. Du côté gauche des mitsvot appelées « Ben adam la makom », des commandements qui régisssent les rapport de l’homme à D.ieu, puis les cinq suivantes sont dénomées « Ben adam lé h’avéro », les rapports de l’homme à son prochain.

 

6- Mais alors le cinquième commandement : « Honore ton père et ta mère » que fait il sur la partie gauche ? Tout d’abord remarquer que cette parole est positive, ce n’est pas la seule, mais elles sont rares dans ce décalogue. C’est pour bien signifier son extrême importance. Puis ce commandement  qui est le cinquième, se trouve en effet du côté gauche en bas de liste, du côté, nous venons de le signaler, des paroles régissant le rapport de l’homme à D.ieu. Or honorer les parents relève bel et bien du rapport des hommes entre eux. Alors comment expliquer cette « anomalie » ?, Une erreur ? Un problème de mise en page ?

Bien évidemment rien de tout ça, honorer ses parents équivaut à honorer D.ieu lui même. C’est du même niveau. Le kavod (c’est le terme employé dans le verset), le respect que l’on doit aux parents est énorme; il est aussi important que celui que l’on doit à D.ieu.

 

7- Un petit retour arrière sur le quatrième commandement : « Souviens toi du jour du Chabbat pour le sanctifier »; nous trouvons ici l’une des paroles les plus célèbres. Nous attirons votre attention sur le fait suivant : dans la V1, la version lue dans la paracha de Yitro, le terme employé est « Zah’or », souviens toi, alors que dans la V2, celle reprise par Moïse ,nous trouvons le terme de « Chamor », garde le chabbat. Voici deux notions un peu différentes et ce qui nous est enjoint c’est d’associer les deux vocables, de se souvenir et de garder le chabbat.« Chamor vé Zah’or ».

Notons également que Chabbat est la seule fête reprise dans le décalogue, Ni Pessah, ni Roch Hachana, ni même Kippour, ni Chavouot qui célèbre pourtant le don de la Torah, c’est dire l’importance de Chabbat dans notre tradition, son rôle central.

 

8- Dans les cinq derniers commandements, le nom de D.ieu disparait, il n’apparait pas une seule fois. D.ieu s’afface, il s’absente dans le rapport à l’autre. Si D.ieu est trop présent alors l’autre risque de s’estomper, c’est ce qui se passe dans les fanatismes religieux, D.ieu est trop présent et l’autre, le différent n’existe plus.

D.ieu laisse la place à l’homme.

Dans ces cinq derniers commandements le terme de « Réah’a », c’est à dire « ton prochain » apparait quatre fois. Quatre pour rappeler les quatre lettres du nom de D.ieu, le tétragramme « youd, hé, vav, hé », comme pour nous dire que D.ieu s’est effacé certes, mais pas totalement car il apparait dans « ton prochain ».

 

9- Les cinq derniers commandements sont négatifs, ils commencent tous par « lo »; ils constituent le minimum vital pour vivre en société. Les verbes employés peuvent se traduire soit à l’impératif, « tu ne tueras point », là, ici, maintenant, ou bien au futur, « tu ne tueras pas », demain . Si nous retenons l’emploi du futur alors nous pouvons imaginer l’explication suivante: si tu te conformes aux cinq premières paroles, celles liées à D.ieu et aux parents, alors tu arriveras à réaliser les cinq suivantes, tu ne tueras point, tu ne voleras pas, etc.

 

10- Enfin ce dixième commandement: « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ». Un conseil de vie pour conclure. Savoir se satisfaire de sa part. Ne pas se laisser consumer par le désir, essayer de limiter sa convoitise. Ne pas entrer dans l’histoire de son prochain. Ne pas basculer dans « le toujours plus ».

Qui est riche ? Et le sage répond « celui qui se réjouit de sa part ».