Si la Torah est le fondement du judaïsme, le Talmud est le pilier central. Aux plans spirituel et intellectuel il est la clé de voûte du judaïsme.
Comme l’indique sa racine hébraïque, la Torah est une forme d’enseignements. Elle enseigne le chemin à suivre mais aussi une façon de penser le monde.
De siècle en siècle la loi orale vient compléter la Torah, interprète les passages bibliques et propose une jurisprudence. Elle se transmet de maître à élève par la parole. Sans cette loi orale la Torah ne peut être comprise ou appliquée, pire elle pourrait être prise à contre sens. Il faut donc bien comprendre que la Torah et la loi orale sont indissociables, l’un sans l’autre n’a aucun sens.
Et bien, le Talmud est cette récapitulation écrite de la tradition orale.
Ainsi le Talmud complète la loi écrite transmise dans la Bible. C’est un vaste ensemble de commentaires qui consigne les discussions qui ont lieu entre les Sages pour établir la manière d’appliquer la loi dans diverses situations de la vie. Ce texte (pas moins de 36 volumes) fait appel à des spéculations juridiques aussi bien qu’à des écrits et des paraboles.
La méthodologie d’interprétation se nomme « midrach », de la racine « scruter ». Le midrach vient lier tradition orale et texte écrit.

 

La place du maître et du disciple se trouve dans le judaïsme au cœur de la transmission.
La bible ne doit pas seulement être lue, elle doit être entendue et vécue. Le maître est l’âme des lettres.
Le Talmud présente une immense toile de discussions (mahloket) entre les docteurs de la loi. Le débat est recherché, souhaité dans un esprit de respect de l’autre, même si les affrontements intellectuels se présentent parfois avec rudesse. Le texte biblique est travaillé, bousculé, retourné, afin d’en dégager des sens nouveaux.
L’originalité de la méthode réside dans son absence de dogmatisme. Car il ne s’agit pas d’opposer le vrai au faux, mais de mettre en évidence les différentes facettes d’un texte.
Tous les avis, toutes les interprétations sont donc possibles, dans la mesure où elles respectent les principes de l’éthique et de la raison, sans esprit dogmatique ou intérêt personnel.
La passion du raisonnement est devenue un ingrédient de la culture juive. Dialogue, discussions réelles entre protagonistes, ce mouvement interprétatif se nomme « pilpoul »,
de la racine « pilpel », qui veut dire poivre et qui suggère que toute discussion rabbinique est épicée.

 

André  Bensimon