1242, Paris, place de Grève :
De nombreux exemplaires du Talmud sont brûlés. Vingt-deux charrettes de manuscrits.

Que s’est-il passé ?

Le roi de France est Louis IX, le roi Saint Louis. En tant que roi chrétien il doit faire respecter deux idéaux : la justice et la paix. Il se veut à l’image du roi Salomon rendant la justice sous un chêne.
Les juifs sont présents en France et embarrassent le roi. Ils ne reconnaissent pas le Christ, c’est un peuple considéré déicide à l’époque aux rites différents et aux conduites considérées comme perverses. De plus Louis IX est préoccupé par l’argent des juifs et l’usure qu’ils pratiquent.
Sa mère Blanche de Castille lui a donné une éducation très rigoureuse, le roi désire purifier son royaume : c’est le mot qu’il utilise.
Tous les ingrédients sont présents pour une catastrophe et le bon roi Saint Louis n’est pas celui qu’on veut nous faire croire, rendant la justice sous un chêne.

L’abbé Nicolas Donin, juif converti au catholicisme, invite le Pape Grégoire IX à ne montrer aucune tolérance à propos du Talmud. Celui-ci adresse alors une lettre circulaire demandant à tous les princes chrétiens de saisir tous les exemplaires du Talmud.
Louis IX, soucieux d’objectivité, veut qu’un grand débat ait lieu afin de juger si le livre contient ou non des injures contre le christianisme.
En mars 1240 est alors organisé le « procès du Talmud », sous l’œil de Blanche de Castille et de toute la cour. Quatre rabbins parmi les plus illustres du royaume, dont Yehiel de Paris, débattent avec des ecclésiastiques. A la fin de la controverse, dans un simulacre de procès jugé d’avance, et bien que l’archevêque Gauthier Cornut conteste la sentence, il est décidé que le Talmud est un livre infâme et qu’il doit être donc brûlé.

L’exécution de la sentence a lieu à Paris, sur la place de Grève, la crémation publique de 22 charrettes de manuscrits, en présence des écoles, de l’université, du clergé, du prévôt et du peuple.
Le soir des livres il ne restait que des cendres.

Et depuis l’Inquisition sévissait contre ceux qu’ils appelaient les hérétiques, et les juifs en faisaient partie. Leurs biens furent saisis, leurs terres, leurs maisons, leurs vêtements, leurs bijoux. On les arrêtait, on leur faisait subir des interrogatoires, on les soumettait à la question, et ceux qui refusaient le baptême étaient torturés et brulés vifs, hommes, femmes et enfants.

Adieu alors belle terre de France.

« Voici que nos livres brûlent, se consument, crépitent, les feuilles se gonflent sous la chaleur, les reliures se délitent, les lettres tournoient et s’envolent, les marges s’étiolent, les mots disparaissent, …et j’entends alors au milieu des crépitements les paroles assourdies de mille rabbins depuis mille ans, de mille disciples, mille maîtres, qui argumentent au fil des âges « .
Extrait du livre « Le maître du Talmud » d’Eliette Abecassis que je vous recommande si vous voulez revisiter cette page d’histoire sous le biais d’un roman, d’une fresque.