Pourquoi faut il que le chabbat se répète indéfiniment ?
Pourquoi une fois ne suffit pas ?

Parce que ce sont le temps et la répétition, et la persévérance, conditions de la constance, qui permettent d’accéder à la vie spirituelle. La constance, c’est le fait de persévérer dans son projet, vaille que vaille. Les hommes passent, le désir, lui, persiste…

Le chabbat fait partie des Dix Paroles : « Garde le jour du chabbat » lit on dans le quatrième commandement. C’est dire son importance.
Le septième jour, l’homme se consacre à la relation à l’autre. C’est le septième jour où l’on parle de chalom, de la paix véritable.
Garder le chabbat, c’est s’abstenir de travailler. S’en souvenir, c’est proclamer sa sainteté. Ainsi dans la vie, le dire et l’agir doivent ils être de concert pour construire un monde.

Le chabbat est le point d’orgue, le moment le plus fort de la semaine. Un moment hors du temps, par le fait d’être coupé de son téléphone, de la lumière, de l’argent, de tout ce qui fait la vie quotidienne. Entrer dans un autre univers, s’extraire de tout ce qui perturbe  et pervertit la relation à l’autre pour se consacrer exclusivement à elle. L’essentiel.

Dans la vie je passe mon temps à courir après le temps. Les enfants, le travail, les mille nécessités du quotidien sont autant de pressions qui nous dévorent et font de notre existence une succession de moments sans repos, sans pause, sans soupir.
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, depuis l’avènement des nouvelles technologies, où, sans cesse connectés au monde extérieur par le mail ou le smartphone, nous ne nous retrouvons jamais face à nous mêmes, à ne rien faire, dans une chambre à soi, à penser, à prendre du recul, à faire en sorte que le temps s’arrête. Je suis en quête de ces instants. Ce sont des moments précieux, des moments magiques. Ceux où j’oublie tout pour entrer dans une autre dimension, hors la création, ceux où je me retrouve en face des personnes que j’aime: ce sont des moments où le temps des horloges n’a plus de prise.
Pour que le temps s’arrête, pour que l’espace de la grâce ne soit pas perturbé, il faut l’organiser. Voici ce à quoi nous incite, nous oblige même le judaïsme.

Extraits du très beau livre « L’âme juive » d’Eliette Abécassis.