A l’occasion des fêtes de Pessah je vous propose une réflexion sur les migrants en Israël, mais valable bien entendu dans tous les pays.
« Parce que tu as été esclave en Egypte » : voilà une bonne raison pour laquelle nous devons explorer cette question avec bienveillance et imagination.

Entre 2006 et 2013, 68 000 immigrants sont arrivés à pied d’Erythrèe et du Soudan en Israël en passant par le désert du Sinaï. Depuis 2014, en construisant une barrière hermétique pour lutter contre le terrorisme, aucune infiltration ne s’est effectuée.
30 000 d’entre eux sont partis, il en reste donc 38 000 migrants illégaux africains rassemblés dans le sud de Tel Aviv.
Ce n’est pas la jungle de Calais mais la situation est très difficile et le gouvernement israélien cherche une solution. Il a nommé un groupe de travail qui a rendu ses premières préconisations. Ce groupe a cherché une solution équilibrée et réaliste politiquement.

Quels sont les enjeux ?
Intérêts nationaux d’un côté et valeurs morales d’un autre. Il existe un clivage entre d’un côté les humanistes et d’un autre les réactionnaires. Le repli identitaire et égoïste d’une part et de l’autre l’hospitalité généreuse, le partage avec les exclus, les défavorisés.
Traditionnellement on observe un tel clivage : la gauche se campe dans la position morale et généreuse et la droite se campe dans la défense de l’identité nationale. La gauche regarde la souffrance immédiate, la droite joue le rôle de l’adulte responsable.
Face à ce modèle binaire insoluble, il existe une autre approche : reposer le problème sous une autre forme pour ouvrir des solutions plus appropriées et refuser ce clivage binaire qui mène à l’impasse.
N’oublions pas que l’on voit les résultats d’une politique de flux migratoires que 30 ans plus tard. Celui qui se voulait humaniste peut se retrouver cruel sur le long terme.
Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre côté les méchants.

Quelles sont les solutions possibles ?
1- Intégrer la grande majorité des migrants en les dispersant dans les villes. 40 000 sur 8 millions d’habitants : ça va. Mais attention le problème est double. Tout d’abord le regroupement familial inévitable fait passer le chiffre à 200 000, puis bien plus grave la création d’un précédent, l’envoi d’un terrible message : ici on intègre, tout est possible. Un message qui pourrait faire venir des centaines de milliers voire des millions d’autres migrants.
2- Rejeter l’immense majorité des migrants et envoyer le message suivant : n’allez pas la bas ce sont des sauvages. C’est sans aucun doute efficace mais on ne peut pas le faire. De tels comportements ne sont pas conformes à notre image, à notre histoire, à nos valeurs,… Oui l’Austalie, la Nouvelle Zélande, le Japon adoptent cette attitude de fermeture, mais pour Israël no way.
3- Trouver des solutions innovantes et médianes : c’est ce que préconise le groupe de travail mandaté.
a) intégrer un tiers des migrants sur la base de critères humanitaires.
b) créer un fonds humanitaire pour financer des intégrations de migrants dans d’autres pays plus vastes, ouverts, tel que le Canada (12000$ par personne).
c) former en Israël certains de ces migrants à différents métiers demandés dans le monde entier, tels que électriciens, plombiers, agriculteurs. Puis une fois formés renvoyer dans leur pays d’origine ces migrants qualifiés ou dans un autre pays preneurs de ces compétences.
d) ouvrir des fermes expérimentales en Afrique en envoyant des migrants formés en Israël aux techniques modernes de l’agriculture, le tout encadré par des accords bilatéraux entre Israël et certains pays africains partenaires.

De véritables deals win-win. Une approche révolutionnaire, certes coûteuse, mais tellement humaine, qui je l’espère sera acceptée et mise en oeuvre par le gouvernement israélien, puis pourra faire des exemples à suivre, à reproduire dans d’autres pays dans le monde.