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En cette période où l’on célèbre les soignants comme des héros, la célébration de Yom Hashoah approche. Mais connaissez-vous l’origine de Yom Hashoah ? Et connaissez-vous le nom complet de cet évènement ?
En 1959, la Knesset passe une loi promulguée par le président de l’État, Yitzhak Ben-Zvi, et par son premier ministre David Ben Gourion. Elle proclame le 27 Nissan comme Yom ha-zikaron laShoah vèlaGvoura (en hébreu : יום הזיכרון לשואה ולגבורה « Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme »).
Cette loi résulte d’un processus débuté dès la création d’Israël, au lendemain de la Shoah, et qui a vu s’opposer différentes tendances et différentes visions de cet évènement tragique et majeur du peuple juif.
Alors que l’on commence à peine à réaliser l’étendue de l’horreur de la Shoah, une idée toxique se repend : les victimes juives du nazisme se seraient comportées comme « des moutons s’étant laissé mener à l’abattoir ».
La réalité d’une part, et l’idéal sioniste d’autre part, ne cadrent pas avec cette idée. Le jeune état d’Israël a besoin d’Israéliens, fiers, indépendants et maîtres de leur destin. Il a aussi besoin de juifs prêts à se battre contre les différents agresseurs qui menacent (de nouveau) l’existence de ce jeune pays.
Mais malgré cette loi, le souvenir de la Shoah passe au second plan dans l’exubérance, les contingences et les luttes liées à la construction de l’état.
Et d’ailleurs cette cérémonie ainsi que le message qu’elle porte ont du mal à s’installer.
C’est en 1961 qu’à l’occasion du retentissant procès d’Adolf Eichmann, qui a lieu à Jérusalem, que la parole des survivants de la shoah est révélée tant aux yeux de la société israélienne que dans le reste du monde.
C’est à ce moment-là que la cérémonie telle que nous la connaissons, avec les sirènes et les deux minutes de silence dans tout Israël, ainsi que l’allumage des six lumières à la mémoire des six millions de juifs exterminés, est instituée. Dès lors elle sera très suivie et ce jusqu’à ce jour.
En France, le Yom Hashoah mit plus de temps à être observé. L’initiative revient au MJLF et à Serge Klarsfeld qui, en 1991, ont institué une lecture publique des noms des déportés juifs de France. Ils furent ensuite rejoints par les autres institutions juives, et par le consistoire qui au départ partageait les mêmes réticences que les orthodoxes israéliens pour cette commémoration.
Cependant une grande différence entre Israël et la France demeure. En effet, celle-ci réside dans l’oubli très notable qui est fait en France de la Guevoura (l’héroïsme ou la résistance). Seules les victimes ainsi que (parfois) les justes y sont évoqués. On ne connait que le titre de Yom Hashoah et pas celui authentique de Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme (Yom ha-zikaron laShoah vèlaGvoura).
Pourtant il faut rappeler que partout où les nazis pourchassèrent les juifs, ceux-ci se battirent avec courage et détermination.
On a parlé de la célèbre révolte du ghetto de Varsovie, mais de 1941 à 1943, une centaine de ghettos se sont révoltés. Citons Bialystok, Vilno, Mir, Tarnow, Lachwe, Tuchin, parmi beaucoup d’autres.
Dans plusieurs camps d’extermination, des révoltes eurent lieu. La seule qui a réussi a eu lieu dans le camp de Sobibor et a été relatée par Claude Lanzman, avec la maestria qu’on lui connait, dans le film éponyme.
Dans toute l’Europe, les juifs participèrent aux mouvements de résistance, armée ou non, la notion d’héroïsme étant élargie à la résistance « passive ».
En France particulièrement, de très nombreux juifs résistèrent à l’occupant nazi et à ses sbires, les collaborateurs français. L’un des témoignages les plus clairs sur ce sujet, est l’excellent livre de Georges Loinger (zl), grand résistant lui-même, que nous avons bien connu à Moadon.
Je conseil à toute la lecture de « Les résistances juives pendant l’occupation- de Georges Loinger- chez Albin Michel » pour que le Yom Hashoah Vehaguevoura soit l’occasion de souvenir non seulement des victimes mais aussi des héros.
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