Comment célèbre t-on Hanouka ? 
Hanouka commence le 25 Kislev (vers mi décembre) et dure huit jours, la durée du miracle. Nous utilisons à la synagogue et à la maison un chandelier de 9 branches, la Hanoukia, dont 8 branches sont à la même hauteur et la 9ème décalée. Celle ci porte le nom de ‘ Chamach ‘, le serviteur, puisque cette bougie sert à allumer les 8 autres. L’allumage se fait crescendo, le 1er soir une bougie, le 2ème une 2ème bougie et ainsi de suite jusqu’au 8 ème jour avec 8 bougies. On fait l’addition des bougies allumées (hors Chamach), nous obtenons 1+2+3 + ……+ 8 = 36 bougies , …les ‘ 36 chandelles ‘Comment maintenir l’attention des enfants? 
On les fait jouer avec une toupie à 4 faces; sur chaque face il y a une lettre de l’alphabet hébraïque : le Noun (le N), le Guimel (le G), le Hé (le H), le Pé (le P); ces 4 lettres constituent les initiales de la phrase ‘ Ness Gadol Haya Po ‘ : il y a eu un grand miracle ici , ici à Jerusalem . D’ailleurs en diaspora le Pé (le P) est transformé en Chin (ch) pour Cham qui veut dire ‘ la bas ‘ (à Jerusalem).
A cet allumage s’ajoute l’art culinaire, on consomme des beignets frits parce que l’huile rappelle le miracle de la fiole.Quelle est la symbolique de la fête? 
Il existe au moins deux dimensions qui se complètent mutuellement et sont intimement imbriquées l’une à l’autre.

Un aspect universel :
Célébrer une fête autour de la lumière au cœur de l’hiver est quelque chose qu’on retrouve dans à peu près toutes les cultures et religions et les sages ne s’y trompent pas et attribuent même l’institution de la fête de Hanouka à Adam, le 1er homme. En voyant les jours décliner, Adam a cru que le monde retournait dans les ténèbres du chaos. Mais en constatant que les jours recommençaient à croître et qu’il ne s’agissait là que d’un cycle naturel, il manifesta sa joie en instituant une fête de la lumière. En mettant ainsi en scène le père de l’humanité les sages du Talmud expriment le caractère universel de Hanouka. Cet aspect universel est marqué par le fait qu’il faut placer sa Hanoukia au bord de la fenêtre de manière à ce que les gens puissent apercevoir sa lumière. L’essentiel de la mitsva de Hanouka consiste ainsi à ce qu’on appelle ‘ le pirsoum haness ‘, la publication du miracle. Certains poussent même à la diffusion du miracle si loin qu’ils procèdent à des allumages, des spectacles en plein air dans les grandes villes (NY, Paris,..)

Mais la lumière de Hanouka revêt aussi une symbolique plus particulière à l’histoire du peuple juif. La petite fiole d’huile et la lumière qu’en émane représente la persévérance du peuple juif et son attachement à la Torah à travers l’histoire et contre  toutes les tentatives d’assimilation.
Si la fête de Pourim symbolise la survie face aux menaces physiques, Hanouka symbolise clairement celle du combat contre les persécutions spirituelles. Nous remercions D.ieu d’avoir livré les puissants dans les mains des faibles, la multitude dans la main des peu nombreux.
C’est la définition du miracle, l’ordre naturel des choses a été boulversé, inversé.
Cette dimension se retrouve d’ailleurs également dans le nombre de jours que dure la fête; si Hanouka dure 8 jours ce n’est pas par hasard.
7 est le chiffre de l’ordre naturel, c’est le temps de la création du monde, 8 est donc celui du dépassement du naturel, de cet ordre.

Il reste une dernière question :
Si Hanouka est si important, pourquoi le récit de cette histoire ne fait pas partie du canon biblique? comme le livre d’Ester (pour la fête de Pourim)  qui a été rajouté ultérieurement.
Ce récit existe dans le livre des Maccabés, mais ce livre à été rejeté par les sages, car les Hasmonéens, vainqueurs des grecs, sont rapidement tombés dans les travers qu’ils avaient combattus: la corruption, la lutte pour le pouvoir, et l’hellénisation. Les sages ont compris que les triomphes militaires peuvent tourner la tête aux vainqueurs .
Hanouka, ce sont ni la guerre, ni le martyr qui ont été sacralisés, mais la victoire de la Torah, victoire de la lumière sur l’intolérance, la victoire du respect de la tradition contre l’assimilation.
Cette fête est d’une étonnante actualité.

Et en même temps ne peut -on pas conclure ainsi pour toutes les fêtes juives ?

André Bensimon