L’homme est un fruit. Il y a deux façons de faire du profit avec, ou bien tu le presses, ou bien tu le plantes. Si tu le presses t’as un jus d’orange, si tu le plantes t’as un oranger.
Choisis ton camp. Car l’oranger est beaucoup plus productif. Il se trouve aussi qu’il est plus épanoui.
Opposer productivité et épanouissement c’est un des grands mensonges du XX ème siècle. Qu’il faille souffrir pour être productif c’est un virus, c’est un logiciel malveillant qui pourrit notre société et notre économie.
Et l’école n’est pas là pour nous rendre épanoui, mais productif. L’épanouissement, elle s’en fout, pas parce qu’elle est méchante, mais parce qu’elle ne sait pas le mesurer.
Quand tu as un marteau dans la main, tu vois tous les problèmes comme des clous.
Quand tu n’as que la note dans la main, tu vois tous les problèmes comme des trucs que tu peux noter. Or comment noter l’épanouissement ?
Du coup l’épanouissement c’est quelque chose qui n’existe pas, car si ce n’est pas notable ça n’existe pas.
Tout homme productif n’est pas nécessairement épanoui, par contre tout homme épanoui est forcément productif. Un homme productif peut être dépressif. Tu peux avoir un élève brillant, sorti de la plus grande école, qui va être une catastrophe pour la société.
Isaac Azimoff nous rappelle qu’une civilisation qui produit beaucoup de connaissance et peu de sagesse est vouée à l’extinction.
Quelqu’un d’épanoui n’est jamais un fardeau pour la société. Donc, si on se pose la question du bien commun, de la richesse commune, quelqu’un d’épanoui est toujours un stabilisateur social et un trésor pour l’humanité.

À partir de propos d’Idriss Aberkane, enseignant, conférencier, essayiste, spécialisé en neurosciences.