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Cassure et arrachement

 
Notre tradition dispose de récits extrêmement puissants dont les ressorts centraux sont la capacité de vivre avec l’arrachement et/ou la nécessité de démarrer une nouvelle aventure avec une cassure.
A quoi faisons nous référence?
L’un des récits centraux du rite et de l’identité juive est celui du départ d’Abraham. Il quitte son pays de naissance, toutes ses racines, ses proches, sa famille pour devenir un hébreu. C’est à dire un passeur, un passant. Il traverse le fleuve et se retrouve seul sur l’autre rive. Vers un avenir incertain, un nouveau.
Le fondement donc de notre histoire, n’est pas le lieu de notre origine, comme on aurait tendance à le croire, mais le fait de l’avoir quitté pour un ailleurs inconnu.
Ce départ est encore répété, mais cette fois ci, non plus à l’échelle individuelle mais collective, avec la sortie d’Egypte.
La matrice de notre peuple est trop étroite (mitsraïm), l’esclavage n’est plus possible, il s’agit donc de s’extraire une fois et pour toute et de ne jamais y revenir.
Encore un départ vers un inconnu.
 
Tout commence dans notre histoire avec Abraham puis ensuite avec Moïse. Tout commence par une rupture et cet élément de cassure va être repris dans des rites qui jalonnent notre vie juive.
Déjà Moïse descend du mont Sinaï et brise les tables de la Loi. Le judaïsme rabbinique est fondé sur les ruines d’un temple détruit dont le souvenir est permanent.
Un foyer juif est toujours créé aux sons d’un verre brisé.
Et l’on pourrait multiplier les exemples de cassure fondatrices dans notre tradition.
On démarre, par exemple, le seder en brisant en deux la matsa du milieu pour constituer l’afikomen.
Mais pourquoi ces cassures?
Pour bien signifier aux générations successives : sache que le monde brisé dans lequel tu es né attend de toi que tu le reconstruises, malgré les failles de cet univers et malgré les tiennes.
Apprends donc à t’engager sur le chemin de la réparation, sur ce qu’on appelle le « tikoun olam », une tentative de réparation du monde.
L’histoire juive puise dans ce narratif une forme de résilience.
 
Quelle énorme responsabilité est donc placée sur nos épaules.
À la fois participer à ce tikoun olam, à la fois transmettre à nos enfants ces histoires, ces récits.
Nous disposons, nous autres, les éducateurs, même informels, d’une arme de construction ou de destruction massive.
Nos récits pourraient bien décider de ce que nos enfants feront de ce monde.
 
A partir d’un texte de la revue Tenoua. 
 
Pour le blog et/ou autre diffusion. 

André Bensimon

 

 

 

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