Beaucoup de sujets traités, abordés.
n pourrait passer une année entière (certains disent une vie) à l’étudier, la commenter tellement elle est riche et lourde d’enseignements.
Et si on parlait des femmes ?
En effet nous vous proposons pour cette nouvelle saison une série d’articles sur les femmes et le judaïsme.
Un sujet qui ouvre de nombreux débats, qui fait polémique, qui divise, qui suscite parfois passion et emportement.
Et pour commencer, un peu comme une provocation, évoquons la création de l’Homme…
Oui, mais avec un grand H, ou plutôt de l’être humain, et non de l’homme au sens masculin, du mâle. Or cette confusion (volontaire?) a fait bien des dégâts, entraîné bien des confusions et nous en subissons, encore aujourd’hui, les conséquences.
La création d’Adam
Adam c’est l’être humain, ce n’est pas l’homme, au sens masculin du terme.
Il s’agit donc de bien lire le texte avec cette idée en tête, et alors le sens change radicalement.
Cette création est décrite deux fois dans la paracha et de manière assez différente.
Deux récits. L’un dans le chapitre 1 et l’autre dans le chapitre 2, mais les deux fois il s’agit de la création d’Adam, de l’être humain, « asexué ».
Dans Genèse 1, le créateur D.ieu s’appelle Elohim et le verbe utilisé est « bara », c.-à-d. « créé ex nihilo ».
« Elohim bara oto zakhar ou nékéva » : D.ieu créa l’homme à son image, mâle et femelle, ou masculin et féminin à la fois.
Puis la formule qui suit, D.ieu les bénit. Il emploie le pluriel. Adam est un, il est seul, mais D.ieu emploie le pluriel, il bénit donc le masculin et le féminin. De la même façon dans les injonctions qui suivent : croissez, multipliez… c’est le pluriel qui est employé. Les injonctions s’adressent à la fois à l’homme et à la femme. Dans le texte biblique ni le masculin, ni le féminin n’est favorisé. Égalité totale entre les deux sexes, les deux genres. C’est ensuite que ça va se compliquer et se déséquilibrer, sous l’influence des hommes, mais pas du texte originel.
Dans Genèse 2, le créateur change de nom, de Elohim, il devient Adonaï – Élohim. Puis il s’agit d’une autre façon de présenter la création d’Adam, de l’être humain. Il le crée à partir de la terre, d’une matière, plus ex nihilo. D’ailleurs on change de verbe, ce n’est plus « bara », mais « yatsa »et « assa » qui sont utiliser, fabriquer, faire. Un langage de poterie. Et un souffle est rajouté, alors ce n’est plus un objet.
Ensuite dans la bouche de D.ieu : « lo tov eyot aadam levado », il n’est pas bon que l’être humain reste seul, et « éssé lo ezer kenegdo », je lui ferai une aide contre lui.
Attention c’est très différent de « il n’est pas bon que l’homme (au sens masculin, mâle) soit seul, on va lui fabriquer une petite femme ». Comme quoi de la façon dont on lit, dont on comprend « Adam », le sens change radicalement. Et il faut reconnaître que la fausse idée d’un Adam masculin est très répandue et a totalement influencé le rapport homme-femme.
Puis dans la bouche d’Adam, l’être humain, on retrouve la même formule « ezer kenegdo » : une aide contre lui. Après avoir nommé les animaux et remarqué qu’eux sont deux, mâle et femelle, Adam, l’être humain, prend conscience qu’il est seul, qu’il est un et donc homme et femme à la fois, masculin et féminin.
Et alors vient la péricope bien connue : D.ieu fait tomber sur Adam une torpeur, et il lui prend une « tsééla ». Une côte ou un côté ?
Tsééla peut avoir les deux significations. Rachi fait remarquer, en recherchant toutes les occurrences de ce mot dans la Bible, qu’on l’utilise, entre autres, dans la description du tabernacle, du temple portatif, du michkane, et donc qu’il faut plutôt lire ici côté que côte.
En fait Adam, l’être humain a deux côtés, D.ieu va prendre un côté et il va être mis face à l’autre côté. Le Adam était double et D.ieu va le « scier » en deux et mettre les deux côtés face à face.
Ces deux côtés faisaient un seul Adam, il s’agit d’une séparation en deux parties.
C’est encore bien différent de : « Adam est un homme, un mâle, il est seul, alors on prend un petit bout de lui, qui est une côte, et on en fait une femme, on fabrique une femelle ».
Un récit (communément admis) tout autre aux conséquences bien différentes.
L’homme s’appelle « ich » et la femme « icha ». Ils sont de la même racine, de la même origine, les deux viennent d’Adam.
C’est ici que ces mots apparaissent pour la 1ère fois, d’abord icha, puis ich (petit clin d’œil: la femme icha apparaît donc dans le récit avant l’homme ich). Une identité de racine qui n’est pas reproduite dans toutes les langues et donc dans les différentes traductions de la Bible et perd donc un peu de son sens lorsqu’il est lu en français, par exemple.
Et comment résister de ne pas conclure sur le chapitre 2, verset 24 :
« C’est pourquoi un homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme et ils deviennent une seule chair ».
On parle souvent dans nos sociétés, et depuis des millénaires, de la fille qui quitte son père et sa mère pour suivre son mari.
Et bien la Bible nous parle, elle, de l’homme qui quitte son père et sa mère pour suivre sa femme.
Tout un programme, toute une promesse… pour le meilleur.