Noé est célèbre pour avoir construit son arche, s’être replié dans sa forteresse pour éviter le déluge, un extérieur d’une hostilité extrême.
Abraham est connu pour sa générosité, sa bonté, il avait l’habitude d’accueillir sous sa tente les étrangers.

Sous ces deux appellations se cachent deux modèles bien différents d’organisation des juifs dans leur environnement.
L’arche de Noé, c’est le repli identitaire, c’est le ghetto, la forteresse culturelle, le modèle de l’enclave. Un système très souvent utilisé depuis 2000 ans, souvent imposé par les conditions extérieures hostiles. Un modèle défensif. Une question d’urgence, de survie.
La tente d’Abraham, au contraire, est un système ouvert. C’est le pari d’être juif, juif assumé dans la cité, dans le monde laïc. Un modèle multiculturel. Pas d’exclu. Toux ceux qui se sentent juifs sont acceptés, et les actions, entre autres de solidarité, ne se font pas que pour des juifs, mais pour toutes les minorités dans le besoin. Ce modèle s’appelle aussi le « tikoun olam », la réparation du monde, car le challenge relevé est de changer le monde, l’améliorer, le réparer.

En France nous sommes plutôt dans le modèle 1, celui de l’arche de Noé. Les conditions extérieures assez hostiles nous y obligent. Le risque est de s’enfermer et de se couper du monde.
Aux US et notamment en Californie ils sont plutôt dans le modèle de la tente d’Abraham. Ils en ont les moyens et la société dans laquelle ils évoluent leur permet cette attitude d’ouverture. Attention néanmoins d’être bien sûrs de ses racines, de ses valeurs au risque de se perdre.