Un véritable marathon.
Tout d’abord un bel échauffement, un entraînement de 20 jours, les fameuses Selihot du mois d’Eloul. A Moadon, en moyenne 20 fidèles, souvent les mêmes, de véritables piliers, présents à 6h30 tous les matins, même le dimanche. Une atmosphère bien particulière, fort sympathique, puis à 8h changement de décor, notre salle polyvalente reprend son allure de tous les jours et nos activités de danse, de krav maga, nos différents ateliers pour enfants peuvent reprendre.
Dimanche soir, le 28 septembre, le 1er Tichri, Roch Hodech tichri, départ du marathon. Tous sur la ligne de départ, prêts à en découdre, bien sûr une course , mais surtout une épreuve contre (ou pour) soi même, se dépasser, puiser dans ses réserves, un défi autant physique que psychique, avec un objectif premier, finir la course, franchir la ligne d’arrivée.
L’office Arvit peut commencer, la salle est pleine, l’émotion au rendez vous.
C’est parti.
Une première partie de course formidable qui part sur d’excellentes bases. Plus de 400 personnes présentes lors de l’office du 1er matin. Une haftara lue avec talent ou plutôt déclamée par le grand rabbin ou plutôt le virtuose, l’acteur Guedj. 100 sonneries du chofar qui donne le la. La course est bel et bien partie.
Un Roch Hachana magnifique avec ses offices, ses dîners, ses sonneries, ses commentaires. Près de 1000 personnes seront impliquées dans ces deux jours de fêtes.
Viennent les 10 premiers kilomètres, ces fameux 10 jours de pénitence, toujours des fidèles présents chaque matin à l’aube, tels des lièvres qui se relayent pour lancer cette course sur de bonnes bases chronométriques.
Et nous voilà arrivés à mi course, Yom Kippour, un point de passage primordial, les vainqueurs sont tous déjà présents aux avant postes, le temps de passage aux 20 kms est une excellente indication sur le temps final. L’exploit est en marche.
Kippour une salle pleine, bien entendu, mais pas seulement le soir à l’heure de la Neila, de la délivrance, mais toute la journée. A midi plus une place de libre.
360 personnes, hommes et femmes écoutent avec attention la prière, la lecture du sefer Torah, mais également le commentaire de la haftara déclamée par Jean Pierre Elkabach, une tradition maintenant depuis cinq années. Sans aucun doute l’un des moments forts de la journée pour beaucoup. Et comme chaque année et comme dans toutes les synagogues ce grand moment d’émotion à la néila, le son du chofar libératoire.
Et sans répit la deuxième partie de course est lancée. Construction de la soucca dès jeudi matin. Une grande et belle soucca, agrandie l’an passé, magnifiquement décorée. Un Chabbat, puis dans la foulée les premiers jours de fêtes, offices, dîners sous la soucca et sans la pluie le 1er soir (tellement rare). Offices et dîners bien remplis et copieux. Le Loulav trône.
Trois jours de demi fêtes, de nombreux fidèles ou des personnes de passage déjeunent le midi sous la soucca, et ce fameux mur des 30 kms. On n’en peut plus. D’offices en repas de fêtes, de prières en discussions familiales interminables, difficile de travailler durant ce mois si spécial. On commence, on arrête, difficile de reprendre, de s’y remettre, et à peine s’est on enfin lancé qu’il faut de nouveau arrêter, et ce à plusieurs reprises. Mortel. Ces répétitions non régulières usent les organismes; les articulations, les tendons souffrent, il faut alors puiser dans ses réserves mentales, se montrer courageux, et commencer à entrevoir la ligne d’arrivée, pour trouver l’énergie nécessaire pour poursuivre.
La dernière ligne droite commence à se pointer à l’horizon, courage. Les derniers kilomètres n’en seront que plus beaux. En effet magnifique Hochana Raba, et une fin en apothéose avec Simhat Torah. Tous ces enfants qui envahissent la Maison Moadon, qui dansent avec la Torah, cette joie immense, gratuite, cette fête pour la fête. C’est magnifique, une délivrance. Enfin arrivés.
Mélange de fierté et de soulagement.
Durant ces 23 jours chacun a fait son chemin, a bâtit sa course. Chacun à son rythme avec sa propre motivation.
Certes le record du monde en moins de 2h a été battu cette année, mais nous retiendrons surtout les exploits individuels, les prouesses de chacun, les défis lancés et réussis, ces téchouva individuelles qui bout à bout forment un retour, une réponse collective, celle d’une communauté soudée, unie, toujours contente, heureuse de se retrouver : Moadon.